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RFC Experimental Works A.T.

année 1915 Richard-Richard-penhoët

Vue d'un Sopwith A.T. (photo : Jane's pocket book 13 RPVs: Robot Aircraft Today - Michael J.H. Taylor) Vue d'un biplan sans pilote Sopwith A.T., Aerial Target, qui fut endommagé avant sa complète réalisation.

Les missiles guidés et les véhicules pilotés à distance (RPV, Remotely Piloted Vehicles), possèdent un ancêtre commun datant de la période de la Première Guerre mondiale. Il avait fallu des dizaines d'années d'efforts et d'inventivité pour trouver le moyen de faire voler un humain, mais malheureusement, dès la onzième année qui suivit les premiers vols officiellement reconnus réalisés au moyen d'une machine dotée d'un moteur, par les frères Orville et Wilbur Wright, en 1903, les pilotes militaires européens étaient déjà en train de s'opposer dans le ciel.

L'adaptation d'un aéroplane à la guerre avait été malheureusement prévisible. Le public aurait alors été plus surpris en apprenant qu'une personne, en Angleterre, travaillait déjà à un retour en arrière, en gardant les pilotes au sol. Cet homme était le professeur Archibald Montgomery Low (1888-1956), le concepteur d'une succession de brillants projets que la science de l'époque ne pouvait pas forcément rendre réalisables. Low au début de l'année 1914, avait démontré, bien avant le pionnier de la transmission télévisuelle, John Logie Baird (1888-1946), les principes de la télévision, à Londres. Quand la Grande Bretagne entra en guerre, le Ordnance College, à Woolwich, Greenwich, Londres, lui demanda d'étudier si cette technique aurait la possibilité de créer un télémètre plus efficace pour un usage dans l'artillerie côtière. Finalement, Low et sa petite équipe d'assistants, furent orientés vers un projet totalement différent.

Les pilotes de combat du Royal Flying Corps (R.F.C.) avaient subi de lourdes pertes, en particulier lorsque les monoplans allemands Fokker avaient la maitrise du ciel sur le Front Ouest, et leurs collègues à terre avaient peu de succès dans leurs tentatives d'arrêt des dirigeables Zeppelin qui bombardaient l'Angleterre de nuit. Quelqu'un au War Office, suggéra que l'expertise de Low dans la technologie radio, soit mieux employée en développant des avions contrôlés à distance qui auraient pu être utilisés pour l'interception et aussi l'attaque au sol.

L'idée de base portait sur un aéroplane petit et simple, portant une charge explosive et guidé sur sa cible, à la façon des avions suicide japonais de la Deuxième Guerre mondiale. Cette idée était plus celle d'un missile, mais un RPV moderne est envisagé comme un avion normalement peu coûteux, pouvant emporter et larguer des armes, et contrôlé directement ou à distance par un pilote humain, au moins durant la phase initiale et celle terminale du vol. Néanmoins, ce principe n'est pas absolu car un RPV de reconnaissance à long rayon d'action peut être programmé à l'avance pour un guidage automatique lors de la phase de pénétration profonde en territoire ennemi.

Low, qui peut être considéré comme le père du RPV, fut nommé officier dans l'armée britannique, et il commença ses travaux dans le plus grand secret, en 1915, dans un garage situé à Chiswick, Greater London, qui reçut le titre quelque peu grandiose, de RFC Experimental Works. Quand les progrès du contrôle radio justifièrent un déplacement dans un environnement aéronautique plus adapté, l'équipe fut transférée à Brooklands, Surrey. Sir David Henderson, le directeur général du Military Aeronautics, avait de grands espoirs à propos de la réalisation du projet et cacha qu'il s'agissait d'une nouvelle arme. Afin de ne pas alarmer la population, il suggéra de l'appeler A.T., pour Aerial Target, cible aérienne. A la lumière des développements qui suivirent, il s'avéra que le terme pouvait correspondre à la mission effectuée.

Low ne pouvait ignorer cela, et ses travaux débouchèrent sur une remarquable série de petits appareils expérimentaux. Le premier d'entre-eux, simplement appelé RFC Experimental Works A.T., avait un fuselage simple de forme épurée, et d'un dessin original sans recherche particulière de profil aérodynamique. Afin de contenir les coûts, cette machine reprenait des éléments d'appareils existants. Les ailes provenaient d'un vieux biplan, le train d'atterrissage était formé de patins, et le moteur était un Gnome rotatif de 50 ch entraînant une hélice d'un grand diamètre. Les essais au sol montrèrent que le propulseur était à l'origine de nombreuses interférences avec le système primitif de contrôle par radio, et ce modèle, malgré son transfert à la Central Flying School, à Upavon, Wiltshire. ne vola jamais. A la place, plusieurs fabricants privés d'avions du moment furent invités à travailler en parallèle avec la Royal Aircraft Factory, afin de développer un appareil plus pratique emportant les équipements adaptés. Une de ces machines fut un petit monoplan haubané construit par Ruston & Proctor Co. de Lincoln, Lincolnshire, et équipé d'un petit moteur. A cette époque, les concepteurs n'avaient pas beaucoup d'alternative au lourd rotatif Gnome, aussi Granville Eastwood Bradshaw (1887-1969), de A.B.C. Motors Ltd., développa à partir du réussi Gnat de 45 ch, un petit bicylindre à plat pouvant fournir 35 ch pendant quelques heures.

Même la fameuse société Sopwith Aviation Company jugea valable le fait de consacrer du temps à fabriquer une machine de type A.T. autour du petit moteur. Le résultat fut un avion doté d'un fuselage de section carrée ressemblant à celui de la machine Ruston Proctor, mais c'était un biplan avec un train d'atterrissage à quatre roues. Le modèle Sopwith avait une envergure de quatorze pieds (4,27 m), son moteur entraînait une hélice ordinaire en bois d'une diamètre de trois pieds six pouces (1,07 m), et le nez pouvait contenir une charge explosive de cinquante livres (22,5 kg). Les réservoirs de carburant et d'huile, les batteries et d'autres équipements étaient logés plus en arrière, ainsi qu'une boîte montée sur supports souples contenant les relais et le récepteur radio. Les antennes devaient être placées dans les ailes, mais elles furent montées aux extrémités des plans et en partie arrière de la cellule sur le prototype. Un relai mécanique entrainé par le moteur grâce à un arbre de transmission et commandé par le boîtier de contrôle, actionnait les gouvernes de direction et de profondeur (autrement dit, le Sopwith A.T. disposait d'un plein contrôle par servomoteur, dès 1916). Cette machine fut abîmée avant sa réalisation finale, puis abandonnée, bien que Sopwith ait fait voler un avion plus grand, connu comme Sparrow, une configuration similaire mais avec un cockpit normal destiné à un pilote.

Il est possible que Geoffrey de Havilland (1882-1965), ait persisté à développer un petit monoplan conçu autour du moteur A.B.C., et c'est peut-être cet appareil qui fut présenté devant des officiels, à Upavon, fin mars 1917, la démonstration se terminant mal. Ni cette machine, ni celle construite par Royal Aircraft Factory ne furent des succès. Cette dernière fut dessinée par Henry Philip Folland (1889-1954), le responsable du chasseur S.E.5 chez le constructeur. Le petit avion de type A.T. était un monoplan d'une envergure de 22 pieds (6,70 m) doté d'un propulseur A.B.C. de 35 ch. Les ailes non équipées de surfaces de contrôle étaient implantées avec un dièdre considérable afin d'assurer la stabilité sans l'aide de gyroscopes. Les antennes aériennes étaient placées autour de la partie arrière du fuselage et sur les ailes, dans le sens de la corde.

Au moins six engins A.T. de ce genre furent construits durant l'année 1917. Les essais furent réalisés sur l'aérodrome de Northolt, West London, le décollage étant effectué depuis une rampe horizontale de cinquante pieds (quinze mètres), prolongée par un élément incliné de cent pieds (trente mètres). Les tests faits à partir de début juillet 1917, avec plus ou moins de contrôle par l'opérateur, furent catastrophiques. Par la suite, l'activité liée au concept Aerial Target fut réduite, jusqu'à la fin de Première Guerre mondiale qui rendit ces armes inutiles. Les problèmes économiques créés par le conflit et l'espoir d'une période de paix, firent que la Royal Air Force ne fut pas autorisée à dépenser de l'argent et des moyens pour construire de nouveaux modèles afin de remplacer les appareils plus anciens du temps de la guerre. C'est ce pourrait expliquer un regain d'intérêt pour les avions sans pilote qui reprit dès 1920, et déboucha sur le plus abouti RAE (Royal Aircraft Establishment) 1921 Target, puis sur le RAE Larynx (Long-range Gun with Lynx engine).


Source partielle : Jane's pocket book 13 RPVs: Robot Aircraft Today - Michael J.H. Taylor (ISBN 0-3560-8404-3).

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