Quest-Kodiak 100                  

Royal Aircraft Establishment Larynx

année 1927 R.a.f.-B.e.2  (b.e.2a/b.e.2b)

Vue d'un Larynx à bord du Stronghold (photo : Jane's pocket book 13 RPVs: Robot Aircraft Today - Michael J.H. Taylor) Vue d'un avion sans pilote Larynx (numéro 3), monté sur une catapulte à poudre à bord du destroyer H.M.S. Stronghold.

L'idée d'un avion sans pilote avait germée dès 1915, et grâce aux travaux du professeur Archibald Montgomery Low (1888-1956), et de son équipe, des tentatives de conception, réalisation et essais, avaient été faits durant les premières années de la Première Guerre mondiale, mais ces machines étaient encore trop peu développées pour être satisfaisantes. Le concept, mis en sommeil après le conflit, fut repris dès 1920. A ce moment, trois catégories d'avions sans pilote et d'un coût réduit de ce type furent envisagées, un appareil armé avec contrôle par gyroscope, prévu pour voler de manière régulière à vitesse constante sur une distance estimée à l'avance (ce fut le modèle pour la bombe volante V-1 produite pendant la Deuxième Guerre mondiale), une cible aérienne intrinsèquement stable, d'une autonomie de vingt miles (32 km), ou une torpille aérienne motorisée ou non, qui aurait été pilotée par radio sur dix miles (16 km) après son lancement depuis un avion. La confiance dans le fait que de telles machines puissent être perfectionnées pouvait sembler déplacée, après que des années d'efforts fournis durant le temps de la Première Guerre mondiale n'aient produit aucune machine opérationnelle de type A.T., Aerial Target.

Low avait conçu une technique par laquelle une bombe volante pouvait être contrôlée sur de longues distances par un opérateur radio installé dans un avion d'accompagnement. La version finale construite à Farnborough, Hampshire, n'avait pas besoin d'une piste de décollage spécialement préparée, et pouvait être lancée par une catapulte à air comprimé montée sur un camion. Aucune charge n'était installée, mais le point d'impact était signalé par une fusée éclairante à essence allumée automatiquement. Pris séparément, ces développements pouvaient sembler triviaux, mais ensemble, ils montraient le chemin vers un futur RPV (Remotely Piloted Vehicle) opérationnel.

La première machine de cette nouvelle génération était peu différente par rapport au A.T. de 1917. Il avait été décidé d'abandonner la troisième proposition de conception (torpille aérienne) et de combiner les deux autres en un appareil qui fut désigné RAE 1921 Target, les initiales correspondant à Royal Aircraft Establishment, l'organisme qui avait fait le développement. L'avion était globalement semblable au A.T. de 1917, les différences les plus notables étant la suppression du train d'atterrissage et de la partie supérieure de la dérive. L'envergure était de 23 pieds (7,01 m), la longueur de 18 pieds (5,49 m) et le poids au lancement atteignait 630 livres (285 kg). Le moteur était un bicylindre à plat Siddeley-Deasy Ounce de 45 ch et cet engin devait emporter une charge de 200 livres (90 kg), à une vitesse d'environ 100 mph (165 km/h) et une altitude de 6.000 pieds (1.830 m).

Les premiers espoirs furent anéantis fin août 1922, quand le premier appareil d'essai, lancé depuis le pont du porte-avions H.M.S. Argus s'abima en mer. Le second test, quelques jours plus tard, fut tout aussi peu réussi. Afin d'accroître la vitesse initiale, un départ depuis une catapulte montée sur le destroyer H.M.S. Stronghold, fut organisé. Quatre lancements effectués en 1923-1924 montrèrent qu'un travail devait être fait avant que le système de contrôle par gyroscope ne puisse assurer une montée stable. Finalement, le mécanisme sur horloge employé pour agir sur les surfaces de contrôle lors de la phase préprogrammée fut remplacée par un complet système radio. A partir de ce moment, les progrès furent spectaculaires, et le septième essai fait depuis le navire Stronghold, début septembre 1924, montra que la stabilité et le contrôle étaient maintenant tout à fait satisfaisants. Le dixième vol, réalisé en février 1925, dura environ quarante minutes, et l'appareil répondit correctement à une quarantaine de commandes séparées. Ces bons résultats permirent de valider le concept et d'envisager la production en série d'une machine pouvant emporter une charge de 250 livres (environ 110 kg) à une distance de 300 miles (480 km).

Le dessin fut revu, et la dernière variante fut un petit appareil monoplan aux lignes nettes et structure en treillis de tubes métalliques, à aile médiane, plans de queue cruciformes, et moteur radial Armstrong Siddeley Lynx de 200 ch monté sous un capot profilé. Cet avion sans train d'atterrissage pouvait atteindre une vitesse d'environ 190 mph (310 km/h), une performance supérieure à celle de bien des chasseurs de l'époque. Les autorités donnèrent à la machine le nom sans imagination de Long-range Gun with Lynx Engine, rapidement abrégé en Larynx. Ce dernier appareil conçu et construit au Royal Aircraft Establishment avait des années d'avance par rapport à d'autres engins de même type fabriqués dans d'autres pays. Les essais, effectués à partir de juillet 1927, avec le lancement depuis le H.M.S. Stronghold ou depuis la base à terre de Portland Bill, île de Portland, Dorset, furent globalement réussis.

Le Larynx, au cours d'une tentative, vola au-dessus de la mer, le long des côtes du Somerset, du Devon, et de la Cornouailles. Les essais suivants, avec une charge, nécessitèrent le transfert en Irak, à la station de la Royal Air Force de Shaibah. Des tentatives, plus ou moins heureuses, furent faites entre fin août et début octobre 1929, mais au moins un exemplaire disparut dans le désert, avec sa charge militaire, après avoir parcouru la distance prévue. Si la machine avait été un vrai RPV avec contrôle radio, son destin aurait put être connu, mais le Larynx employait un pilote automatique, comme la bombe volante V-1 qui prouva par la suite la viabilité du concept en 1944-1945. Que quelqu'un ait eu mauvaise conscience ou pas, par rapport à la charge létale perdue dans le désert par le quatrième Larynx en Irak, personne ne le saura. Cependant, à partir de ce moment, les recherches sur les RPV, en Grande Bretagne, furent directement réorientées vers des cibles aériennes commandées par radio et prévues pour être touchées, et non plus vers des machines pouvant emporter des charges offensives, à la manière prévue pour les premiers A.T. envisagés du temps de la Première Guerre mondiale. Dans cet esprit, furent développés par la suite, d'abord le Fairey Queen, puis surtout le D.H.82B Queen Bee qui fut beaucoup employé pour l'exercice au tir des canonniers de la Royal Navy.


- En complément, vue d'un petit appareil expérimental sans pilote RAE 1921 Target sur sa rampe de lancement, à bord du H.M.S. Stronghold (Crown copyright).

Source partielle : Jane's pocket book 13 RPVs: Robot Aircraft Today - Michael J.H. Taylor (ISBN 0-3560-8404-3).

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